Dans mon fluide glacial... (copié de causes sur fassebuk).
Positions: Jamais point tu ne travailleras.
Le poil dans ta main tu cultiveras.
Du moindre effort tu te méfieras.
Ce que tu peux faire demain...
...à après après-demain tu le remettras (peut-être).
Notre société déconsidère dangereusement la glandouille. Mais, malgré le sentiment d’avoir été souvent brusqués, quelques fois rudoyés, malgré les injonctions, malgré les radios-réveils, dans le peuple des glandouilleurs la volonté de rien branler reste la plus forte. Un cri s’élève des transats et des rocking-chairs dont l’écho semble se répéter indéfiniment : « ça ne peut plus rrrrr, RRRR, RRRRRRonnnn ».
Ça ne peut plus durer la glandouille découragée, la fainéantise vilipendée, le branleur démoralisé.
Au cœur de la crise morale il y a la crise de la valeur glandouille. La glandouille c’est la jouissance, c’est l’allongement de la durée de vie, c’est le fondement de la sérénité.
Le travail c’est le reniement de la valeur glandouille. Avec le travail, l’homme subit au lieu de vouloir. Le travail est dégradant pour la personne humaine. Il démoralise ceux qui aimeraient rester peinards.
Pour que la glandouille apparaisse de nouveau comme un moyen d’émancipation, il faut l’encourager au lieu de la décourager. Il faut cesser de dévaluer la glandouille en surévaluant le travail.
Il y a une culture de la glandouille, une façon d’être des glandouilleurs, un rapport particulier des glandouilleurs à la vie. Je ne veux pas que cette culture de la glandouille se perde. Je ne veux pas d’une France sans glandouilleurs. La France sans glandeurs, sans glandouilleurs, sans feignasses, sans flemmards serait une France appauvrie moralement, culturelement, physiquement.
Aux glandouilleurs, glandeurs, branleurs, fainéants, feignasses, tire-au-flanc, lanterniers, paresseux, flâneur, oisifs, branlotins, bulleurs, feignants, flanc-mous, culs-de-plomb, feignassous, lève-tard je dis que oui, un glandouilleur qui disparaît, un hamac qui se vide, un parasol qui s’effondre, c’est un drame ! À tous ceux-là je lance (mais pas trop fort) ce message ensommeillé d’espoir :
Amis glandouilleurs et forçats de la sieste,
NE VOUS LEVEZ SURTOUT PAS !
Éric Deup, Paris, 22/01/2008
(texte intégral dans Fluide Glacial n°382 parution mars 2008)